Catégories
Témoignages

Philippe

La main tendue

Une fraction de seconde, un instant redouté qui n’était jamais venu.
Un accident c’est souvent cela. Le plaisir de grimper, la joie d’être en montagne, de transmettre son expérience et le train rapide des jours de l’été qui défilent me rendent presque insouciant, léger. Un morceau de pain, un cran de Milka, la dernière longueur est au-dessus, facile, connue. Néanmoins je place les protections essentielles. On ne sait jamais.

Quelques minutes plus tard et vingt mètres plus bas, je rouvre les yeux.
Bon sang que ça fait mal. Hélico, secours, déchockage, que ces gens sont extraordinaires. C’est le premier maillon de la chaîne de solidarité qui rattrape du mieux qu’elle peut le faux pas survenu.

Plus tard le téléphone a sonné, Claire ma femme a répondu. D’abord un collègue du réseau accident et puis Sandrine du FNSM. Des mots chaleureux, brefs, efficaces, réconfortants. Alors que j’avais déjà courbé le dos, pensant assumer bien seul les coups de boutoir de la tempête qui survenait, je découvris avec émotion que le mot solidarité s’affirmait avec force alors que notre société semble parfois en avoir oublié le sens.

Par sa présence, par ses conseils et sa capacité d’accompagnement, par son action matérielle, le FNSM est une main tendue, aussi forte qu’elle m’était insoupçonnée, aussi efficace que le point d’assurance qui bloque la chute au-dessus d’une vire fatale, une main tendue qui aide à engager l’après, à tourner le regard vers demain en surmontant les jours difficiles.Mais comme le piton ou le coinceur ne fonctionnent pas sans la corde, je peux dire — pour avoir longtemps joué sans filet—qu’il est indispensable d’assurer le lendemain. Je veux parler de nos indemnités journalières.
Cette couverture est indispensable pour continuer à vivre, et rebondir, se refaire une santé et repartir. J’ai exercé longtemps sans souscrire à un contrat de ce type, jugeant le coût trop élevé au regard de ce que j’estimais risquer. Dans ma tête, cette souscription récente résonne désormais comme cette cordelette passée dans un trou et à laquelle je dois tant.